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BÂTIMENTS PHOTOVOLTAÏQUES - Retours d’expériences

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Afin de répondre à la demande d’information des agriculteurs sur des projets de bâtiments photovoltaïques, la Chambre d’agriculture de Tarn-et-Garonne fera paraître une série d’articles sur l’expérience vécue par des agriculteurs ayant choisi de réaliser ce type de projet. Pour cet article, nous sommes allées interroger le GAEC du Coutet à Montauban.

Présentation et objectifs de l’entreprise agricole

La famille Garrigues détient une exploitation familiale en polyculture-élevage de canards prêts à engraisser. Depuis les précédents épisodes de grippe aviaire, les éleveurs de palmipèdes doivent confiner leurs animaux dès que le risque d'introduction du virus influenza aviaire par l'avifaune est qualifié de “élevé”, ce qui se produit de manière plus fréquente ces dernières années.

C’est pourquoi la famille Garrigues a décidé d’offrir plus d’espace de vie à l’intérieur des bâtiments à ses animaux en passant de 5 canards au m² à 3 canards au m², afin de diminuer la densité s’il devait y avoir un nouveau confinement des animaux à prévoir.

En 2018, les exploitants ont pris la décision de mettre en place 3 bâtiments de 800 m² pour remplacer une partie des anciens bâtiments et abris. Cet investissement permet une meilleure gestion du travail ainsi qu’une diminution de la pénibilité et surtout un meilleur bien-être animal, contribuant ainsi à la pérennité de l’exploitation pour Guillaume, jeune agriculteur dans le GAEC.

 

Description des modalités du photovoltaïque

Suite à une réunion publique à laquelle avaient participé les agriculteurs, l’entreprise choisie pour mettre en place les bâtiments est Triangle Energie, qui propose des bâtiments clefs en main. Les agriculteurs ont pris l’option de revente d’électricité par le GAEC, ils sont donc propriétaires des bâtiments ainsi que des panneaux.

Les panneaux sont raccordés à 3 onduleurs qui convertissent le courant continu des modules photovoltaïques en courant alternatif identique à celui du réseau. La puissance produite par bâtiment est de 100 kWc (kilowatt crête = unité de mesure qui est utilisée pour quantifier la puissance de l’installation photovoltaïque lorsqu’elle est en condition d’exposition maximale). Chaque bâtiment dispose de son propre compteur, l’électricité converge ensuite vers un transformateur qui permet d’abaisser ou augmenter la tension du courant électrique afin de pouvoir être injectée au bon voltage sur le réseau. Le contrat est signé pour une durée de 30 ans.

Pour ces travaux de raccordement électrique, c’est ENEDIS qui sera en charge de l’acheminement de l’électricité vers le domaine public.

 

Description des bâtiments

Ils sont tous les 3 identiques : 800 m², sous forme de bipente avec un premier pan très court de 2.5 mètres, positionnés plein sud, avec une distance à respecter entre le bâtiment et la route qui est soumise à la réglementation du Plan Local d’Urbanisme (PLU) de sa commune.

Chaque bâtiment est un module qui doit être adapté à la production envisagée. Pour le cas de la famille Garrigues, chaque module est prévu pour recevoir 2500 canards, le sol est bétonné pour faciliter le nettoyage et la désinfection, les accès au parcours se font par 2 grands portails. L’alimentation est distribuée à l’intérieur des bâtiments dans des trémies, pour respecter les normes de biosécurité et afin d’éviter le contact des canards avec la faune sauvage.

“Les canards sont très calmes, dès qu’il y a du vent, ils rentrent dans le bâtiment. Ils ont de la place à l’intérieur avec une densité de 3 canards/m². Nous avons adapté les bâtiments à notre production en réalisant par exemple des soubassements en béton pour protéger le bas des panneaux de bardage de l’acidité du fumier et pour assurer un meilleur nettoyage et une désinfection optimale.”

 

Financement

Pour financer ce projet, nous avons dû faire 2 emprunts par bâtiment, un pour l’ossature avec pour garantie une hypothèque sur la structure et un pour le solaire avec comme caution la revente de l’électricité. Nous avons pu bénéficier des aides de la mesure 411 concernant les dépenses des bâtiments, hors panneaux photovoltaïques et bac acier ; ce qui représente sur notre investissement global moins de 10% de subventions.”

Ce projet aura demandé au total 6 emprunts, “et des reins solides” pour assumer la charge financière du projet.

 

Mise en oeuvre

Après obtention du permis de construire, les travaux ont démarré rapidement. Il a fallu un an entre la signature du bon de commande et la fin de la construction du 3ème bâtiment. Triangle Energie a eu une bonne réactivité face aux imprévus de réalisation des travaux”.

Les travaux de fin de raccordement par ENEDIS sont prévus pour 1er trimestre 2021. Démarrera ensuite la vente d’énergie à EDF Engie.

Dans le coût global du projet, il faut prévoir de potentiels frais supplémentaires. Dans notre cas, il s’agit :

  • de l’étude de sol pour un de nos bâtiments
  • des plots à mettre en place pour stabiliser les fondations suite à cette étude de sol
  • de la mise à jour des statuts de la société afin de pouvoir être vendeur d’électricité.
  • de la distance d’un de nos bâtiments au transformateur (frais supplémentaires au-delà de 100 mètres).
  • des frais de raccordement ERDF
  • des frais de notaire liés au bail emphytéotique. Rédaction d’un avenant à la Mise à Disposition Associé / GAEC autorisant la location de toiture.
  • taxes foncières
  • de la maintenance électrique.


Au niveau technique :

Beaucoup de sous traitance : l’agriculteur se retrouve du coup très souvent à faire office de maître d’oeuvre afin de contrôler et gérer la bonne réalisation des travaux. Il faut également prévoir des délais supplémentaires liés à l’enchainement des interventions des différentes entreprises sollicitées.


Au niveau fiscal :

Il faut se faire accompagner pour savoir comment déclarer/rattacher les revenus liés à l’activité des panneaux photovoltaïques, car il y a des spécificités à regarder en amont du projet.

Quand nous avons prévu d’installer les bâtiments photovoltaïques, nous avons sous-estimé le temps passé pour gérer les démarches administratives liées aux opérations prévues ainsi que celles non prévues. Il faut prévoir du temps car nous sommes les maitres d’oeuvre et interlocuteurs entre les différents organismes. Aussi, il faut prévoir qu’il y aura des frais supplémentaires. Nous conseillons aux agriculteurs et futur installés de prendre du temps pour s’informer sur les procédures, visiter les installations, tenir compte des expériences des projets déjà réalisés, bref s‘y préparer”.



En conclusion : “Si c’était à refaire, le referiez-vous ?”

“Si c’était à refaire, oui nous le referions, mais en se laissant beaucoup plus de temps pour la réflexion en amont du projet.

Nous sommes partis très vite sur la réalisation après avoir eu le projet en tête et il aurait peut-être mieux valu se laisser plus de temps afin de mieux se renseigner sur la totalité des démarches à suivre, et non les découvrir au fur et à mesure les unes derrière les autres, et également éviter les surprises financières”.

Dans les prochains numéros, nous vous ferons part des témoignages d’autres exploitants afin de vous faire partager leurs retours d’expériences pour mieux appréhender un futur projet.

Nous remercions grandement le GAEC du Coutet, Bernard et Guillaume Garrigues, pour leur accueil, leur témoignage et partage d’expérience.

 

Contacts :
Marine GICQUELET, conseillère Bâtiment et Energies renouvelables - 06 17 94 21 13
Marie-Line GEORGET, conseillère Avicole - 06 08 41 32 71 de la
Chambre d’agriculture de Tarn-et-Garonne

  Cette action de diffusion est financée par l'Etat au travers du CasDar