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Et si je toastais les protéines produites à la ferme ?

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La Chambre d'Agriculture de Tarn-et-Garonne a organisé le vendredi 29 novembre dernier une visite technique à Baladou, proche de Souillac dans le Lot, qui montrait le fonctionnement de la machine à toaster, appartenant à la coopérative Valcausse. De nombreux échanges avec les techniciens et éleveurs ont permis d'avoir des pistes de réflexions.

 


Pourquoi le toastage ?

En alimentation animale, la graine de soja et autres protéines présentent des facteurs anti-nutritionnels = facteurs antitrypsiques, une diminution de la digestibilité donc une mauvaise valorisation et une mauvaise dégradabilité des protéines.
Ainsi le toastage est une des méthodes pour utiliser directement le soja dans l'alimentation animale.
Cette pratique est répandue en Italie, aux Etats-Unis et dans le Sud-Ouest de la France.


Quel est le principe du toastage ?

Il s’agit de la cuisson sèche par exposition à un courant d’air chaud à 280°C de graines naturellement riches en protéines pendant un temps donné pour une cuisson à cœur à 180°C. La durée de traitement varie selon le type de graine. Compter 6 à 7 minutes pour la féverole par exemple.
Cette cuisson est suivi d'un refroidissement. La graine est toastée entière, non transformée et non déshuilée. L’exposition à la chaleur engendre des modifications moléculaires, en combinant protéines et glucides, qui permettent une valorisation optimale de la graine. En effet, la cuisson ainsi réalisée protège en partie la graine de l’attaque microbienne ruminale et conduit à son assimilation en partie intestinale (valable pour les ruminants). Cela minimise les pertes d’azote sous forme gazeuse (méthane et ammoniac) et dans les fécès et l’urine. Le toastage trouve donc tout son intérêt dans la digestibilité des protéines.


Quelles protéines peut-on toaster ?

Les protéines à toaster sont principalement le soja, la féverole, le pois et le lupin.


Quelles sont les principales caractéristiques de la machine à toaster ?

La technique du toastage est peu énergivore par rapport à d'autres techniques comme l'extrusion. La machine à toaster peut être déplacée dans les fermes, elle peut être utilisée aussi dans les petites unités de production.
Des conditions requises sont demandées aux producteurs : bien trier la graine, avoir un taux d'humidité recommandé.
Avec la machine de la coopérative Valcausse, le volume toasté est d'1 tonne à l'heure avec un rendement de 10 à 12 tonnes par jour.
Le produit toasté sort à 5-6 % d’humidité, ne permettant pas aux moisissures de se développer si la conservation se fait dans un endroit bien sec et adapté. Les protéines toastées peuvent être stockées pendant un an. Cette technique détruit également les insectes et les larves ainsi que des impuretés, champignons et mycotoxines. Le toastage fournit donc un produit assaini et très appétant pour les animaux.


Quels sont les intérêts du toastage ?

Pour les éleveurs, les intérêts sont d'augmenter l’autonomie protéique des exploitations, valoriser les cultures de la ferme, avoir la traçabilité/non-OGM. Les principaux concernés sont les productions en agriculture biologique, les labels et les circuits-courts.
Pour les céréaliers, cette technique représente un débouché supplémentaire, et ainsi une valorisation plus importante du produit.


Comment incorpore-t-on de protéines toastées dans les formules d'alimentation ?

Intervention de la société SECOPALM
L'activité uréasique, mesurant l'importance des facteurs antitrypsiques est quasiment détruite pas le procédé du toastage. Certains facteurs, comme les tanins, ne sont pas thermosensibles, en l’occurrence pour les féveroles, il faut donc bien choisir des variétés à faible teneur ou dépourvu. Utiliser des protéines toastées nécessite donc d'adapter les formules d'alimentation. Dans certains cas, il faudra donc compléter les formules par des tourteaux de colza ou de tournesol par exemple.  La société SECOPALM nous a présenté des exemples de formulation.

Les graines de soja sont distribuées aux animaux, concassées, broyées ou aplaties, il ne faut pas que ce soit trop fin. Attention toutefois, pas de broyage ou d’aplatissage avant toastage. Les essais démontrent des résultats positifs au niveau des performances en élevage, la matière grasse n'est pas un frein, au contraire,  elle peut contribuer  à une bonne qualité de la viande. Les suivis Sécopalm démontrent une variation de teneur en protéines selon la variété, l'année et le terroir...
Il est donc indispensable d'adapter les rations au cas par cas.

Pour exemple, voici quelques taux d'incorporation indicatifs :

Volailles : 10 à 20%
Porcs : 5 à 15 %
Bovins : 15 à 25 %
Autres espèces : 10 à 20 %

 

La journée s'est terminée par de nombreux d'échanges, nous remercions toute l'équipe de la coopérative Valcausse de nous avoir reçu ainsi que les intervenants de la SECOPALM. Un groupe d'agriculteurs s'est constitué pour travailler sur la mise en place de cette activité en Tarn-et-Garonne. Une réunion a eu lieu, le 16 décembre dernier, en présence du Directeur de la Coopérative.

 

Marie-Line GEORGET - 05 63 63 18 05
Marc REY - 05 63 63 34 47
Chambre d'Agriculture de Tarn-et-Garonne