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Le compostage à la ferme en bout de champ

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Le compostage est un procédé de transformation aérobie (en présence d’oxygène) de matières organiques, avec plusieurs phases.

 

 

 

 

Il permet l’obtention du compost, une matière fertilisante stable utilisable en amendement organique.
Il peut y avoir différents types de compostage, avec des effluents d’élevage (fumier), des résidus de cultures (déchets de récolte, fanes…), mais aussi de déchets verts issus de l’entretien d’un jardin ou d’un espace vert, on parle alors de co-compostage.
Des structures peuvent se spécialiser dans le compostage, mais ici sera abordé le cas du compostage à la ferme, notamment d’effluents d’élevage en bout de champ.


Les intérêts du compostage à la ferme
  • Agronomique : Le compost a une concentration plus importante en éléments fertilisants, dont l’azote majoritairement sous forme organique qui aura moins de risque d’être lessivé. De plus, il permet un meilleur enrichissement et une meilleure structuration du sol. Le processus de compostage permet aussi l’élimination d’une grande partie de micro-organismes pathogènes et de graines de mauvaises herbes.
     
  • Technique : Les effluents difficilement compostables comme les fumiers mous sont valorisés. De plus, il limite le risque de dégagement d'odeurs. Le produit fini est plus homogène, moins dense, et donc plus facile épandre.
  • Economique : Le compostage des effluents dans une ferme ne coûte pas plus cher que l’épandage classique des fumiers. Le surcoût de fabrication est compensé par les économies au moment de l’épandage. De plus, l’agriculteur pourra utiliser son produit sur ses terres et donc limiter les achats d’engrais.
     
  • Règlementaire : Les contraintes d’épandage sont allégées. Elles sont réduites à 10 mètres des habitations. De même le compost bénéficie de contraintes moins dures au titre de la Directive Nitrate.

 

Point Agriculture Biologique

La maîtrise des adventices est un des piliers de la réussite en Agriculture Biologique. Apporter un produit sain sur ses parcelles est donc primordial pour éviter de disséminer des graines d’adventices. L’AB a également moins de solutions pour améliorer la fertilité de ses sols et fertiliser ses cultures. Le compost, surtout celui provenant d’effluent d’élevage est une précieuse source de phosphore assimilable. C’est pourquoi le compost est un produit d’autant plus intéressant en AB.


Le Règlement Sanitaire Départemental

Ce sont généralement les petits cheptels qui sont soumis au RSD.
Chaque département possède son propre RSD, disponible en préfecture ou en ligne. Les projets de compostage en bout de champ se devront d’être exemplaires en répondant à des exigences techniques et agroenvironnementales précises et spécifiques. Par exemple dans le Tarn-et-Garonne, les fumiers doivent être déposés sur une aire étanche avec un point bas où sont collectés les liquides d’égouttation.
Le lieu de stockage doit respecter principales distances réglementaires :
- A 35 mètres des puits, forages, sources, berges de cours d’eau, rivages,
- A 50 mètres des habitations occupées par des tiers, zones de loisirs,
- Interdit sur ou à proximité immédiate des voies de communication.

 

La réglementation des installations classées pour la protection de l’environnement

Au-delà d’une certaine taille et d’une certaine quantité de compost produit, les exploitations ou plateformes sont soumises à la réglementation ICPE. Il existe plusieurs régimes (déclaration, enregistrement ou autorisation) qui entraînent des prescriptions différentes.
Selon votre cas, se rapprocher de la réglementation ICPE correspondante.


Point Agriculture Biologique

A partir du 1er janvier 2021, seront exclus d'une utilisation sur des terres bio, les effluents d'élevage issus d'exploitations en système caillebotis ou grilles intégral ou d’exploitations en système cages et dépassant les seuils suivants (85 000 poulets, 60 000 poules, 3 000 porcs, 900 truies). Au 1er juillet 2022, seront exclus d'une utilisation sur des terres bio les effluents d'élevage issus d'exploitations en système caillebotis ou grilles intégral ou d'exploitations en système cages. De plus, les effluents provenant d’élevages biologiques doivent obligatoirement être épandus sur des terres engagées en AB.


Témoignages

Thierry REMESY est installé à Caylus depuis 1994 sur la ferme de ses parents. Il a abandonné l’élevage de vaches pour se consacrer à celui des chèvres. Actuellement, avec un élevage de 200 chèvres alpines, il pratique le compostage à la ferme depuis 2002.

Oscar MOSCOSO, à Vazerac, installé depuis une dizaine d’années avec un élevage d’une trentaine de vaches Salers bio, depuis peu avec un atelier de porcs bio (1 verrat et 3 truies), et produit du compost depuis toujours.

Pourquoi être rentré dans cette démarche ?
Pour Thierry REMESY, le fumier de chèvre est très sec, et l’aération par retournement l’aide à se décomposer plus vite. Le compost, plus riche, plus concentré que le fumier permet également d’épandre moins sur ses parcelles. De plus, il permettrait de détruire certaines mauvaises graines.
Oscar MOSCOSO a toujours pratiqué le compostage à la ferme, et notamment en biodynamie. Pour lui, il était évident qu’il fallait «utiliser le fumier de son élevage, le valoriser en compost, pour nourrir son sol et ses cultures, qui nourriront à leur tour ses vaches».

Quelles quantités de compost produites et épandues ?
Thierry REMESY autoconsomme toute sa production sur l’exploitation. Il épand environ entre 20 et 30 tonnes de compost par hectare par an.
Oscar MOSCOSO produit environ 120 tonnes de compost par an, qu’il autoconsomme également sur ses parcelles à hauteur de 4 tonnes par hectare. Il incluera bientôt les effluents de son élevage porcin à ceux des bovins.

Quel est le matériel et les méthodes utilisés ?
C’est par le bouche à oreilles que Thierry REMESY a entendu que la CUMA St Antonin disposait d’un retourneur d’andain. Ainsi, il a rejoint le groupe et l’utilise pour retourner ses andains mis en bout de champ. Pour lui «un retournement suffit pour étaler sur des parcelles à labourer, deux retournements sont mieux pour épandre sur les prairies».  
Oscar MOSCOSO utilise en CUMA un épandeur à hérisson avec portes en parallèles, pour former l’andain à un endroit drainant et peu ensoleillé. Le tas est «en sandwich» entre une couche de paille qui absorbera les jus et empêchera son dessèchement ou son détrempage. Il retourne uniquement une fois en faisant l’andain et «l’arrange» au fur et à mesure avec sa fourhce et son tracteur.

Quels sont les avantages / inconvénients constatés ?
Thierry REMESY parle avant tout du gain de temps. L’épandage est plus rapide, plus facile, la quantité nécessaire est moins importante qu’avec du fumier. Par conséquent, il achète également moins d’engrais. Il trouve également que le compost est un produit plus propre, car les graines de mauvaises herbes sont détruites. Cependant, le retourneur d’andain à un coût important. «A l’époque, la machine coûtait entre 30 000 et 40 000 euros», d’où l’importance d’être en CUMA.
Pour Oscar MOSCOSO, puisqu’il a toujours pratiqué le compostage, il ne voit pas d’inconvénients ou d’avantages particuliers. Cependant, il a participé à un test de comptage de vers de terre sur un carré de 20x20 cm. Il a pu comparer ses résultats avec un autre producteur qui utilisait surtout des engrais verts mais pas de fumier/compost. Chez lui, très peu de vers de terre ont été observés alors que chez Oscar MOSCOSO, 47 vers de terre avaient été relevés dans ce carré. C’est donc indéniable pour lui que l’épandage de compost entretient la vie du sol.

 

En savoir plus

Ces informations ont principalement été tirées du guide sur le compostage réalisé en collaboration par le réseau des Chambres d’agriculture d’Occitanie, qui va très prochainement être publié. Il présentera de manière plus large le sujet du compostage, avec notamment pour objectif, d'accompagner les agriculteurs dans la valorisation des matières organiques sur leurs exploitations. Il abordera les différents types de compostage (à la ferme mais aussi sur plate-forme) sous un angle technique, économique, réglementaire.

 

 

Camille COSTE - conseillère en agriculture biologique - 05 63 63 09 95
Chambre d’Agriculture Tarn-et-Garonne