Vous êtes ici : Accueil > Actualités > L'élevage des génisses laitières de 0 à 6 mois

L'élevage des génisses laitières de 0 à 6 mois

Accéder aux flux rss de notre siteImprimer la page

Bien grandir pour bien produire !

 

 

 

 

 

Comme chaque année le service contrôle laitier organise une journée technique pour ses adhérents. Cette année, elle a eu lieu le 6 février 2019 ; elle était jumelée avec l'assemblée générale de l'association Prim'Holstein de Tarn-et-Garonne. Le thème choisi était “l'élevage des génisses de 0 à 6 mois”.

Mme Domise, de la société Sud-Ouest Mash, est intervenue, le matin, pour rappeler les règles de l’élevage des génisses. L’après-midi, le groupe s’est rendu à l'EARL du Rouch sur la commune de Vaïssac, pour assister à une démonstration de pesée et valoriser les premiers résultats.

Cette journée a été l’occasion de faire le point sur les recommandations et de présenter le service “pesée des génisses” de la Chambre d'agriculture.

Tarifs 2019 :

  • Forfait déplacement : 40,00 €
  • Tarif /génisse : 2,95 €

Des vaches taries trop souvent délaissées

L’élevage des génisses commence au tarissement de la mère. L’alimentation des vaches taries et de bonnes conditions de vêlage sont indispensables pour bien commencer la carrière laitière.

L’alimentation joue un rôle important pour le développement du veau et pour sa vitalité.
En effet, une vache trop grasse risque d’avoir des difficultés au vêlage et le veau pourrait en souffrir. A l’inverse, une vache trop maigre, ne permettra pas au veau de se développer et ne produira pas un colostrum de qualité.
Au tarissement la note d'état corporel doit se situer entre 3 et 3,5 et doit rester stable jusqu'au vêlage. (La vache ne doit ni maigrir, ni s'engraisser pendant le tarissement).

Il va donc falloir distribuer une ration équilibrée en énergie, protéines et minéraux qui permettra de couvrir les besoins alimentaires malgré la diminution de la capacité d’ingestion.
Il faudra veiller à ce que la BACA (balance alimentaire anion (chlorure-souffre) / cation (sodium-potassium)) de la ration soit inférieur à 0 pour mettre la vache en légère acidose métabolique et éviter l'hypocalcémie.

De la naissance au sevrage

La naissance doit se dérouler dans un lieu propre limitant ainsi l’exposition aux agents pathogènes. Le veau doit être sec rapidement (si nécessaire placé sous lampe chauffante) afin de limiter les dépenses énergétiques utilisées au maintien de la température corporelle.
Le cordon ombilical sera nettoyé et désinfecté avec de l’iode.

La phase colostrale
Le colostrum est le premier aliment que reçoit le veau il s’agit du lait de la 1ère traite.
Pour garantir la qualité du colostrum, la traite doit être réalisée le plus rapidement possible après la mise-bas (dans les 6 h) et être complète. Le colostrum est riche en énergie, en vitamines et en anticorps.


Les meilleurs colostrums regroupent généralement les caractéristiques suivantes :

- Récoltés à la 1ère traite, ayant eu lieu dans les 2 heures après vêlage ;
- Ceux des vaches en 2ème, 3ème et 4ème lactation ;
- Ceux des vaches présentes l’année précédente dans l’élevage (immunisées contre les agents pathogènes de l’élevage) ;
- Ceux des vaches n’ayant pas de pathologie au vêlage (ex : mammite,…) et ayant été taries plus de 40 jours.

Il est conseillé de congeler du colostrum pour se créer une banque de colostrums de qualité (à distribuer dans les 6 mois maximum). Pensez à évaluer la qualité de votre colostrum avant de le congeler : favoriser les colostrums de bonne qualité de 20% à 30% brix (50 à 80g/L d'IgG) ou d’excellente qualité > 30% brix( >80g/L d'IgG)  réfractomètrede brix).

Sa prise doit être rapide car il perd rapidement de ses qualités mais aussi parce que la perméabilité de la barrière intestinale aux anticorps du veau diminue rapidement (faible au-delà de 12 h après la naissance et nulle au bout de 24 h).

Le veau devra recevoir 4l (10% de son poids) dans les 6 heures. La buvée peut s’organiser en un ou deux repas en 24 heures en fonction de l’appétit de l’animal. Il faudra veiller à la température de l’aliment proposé environ à 40°C.

La phase lactée

Il existe plusieurs plans à base de lait entier, d’aliment d’allaitement ou des plans mixtes.

Il existe également la technique du “yogourt” issu de la fermentation du lait entier.

Il y a 2 grandes familles d’aliments d’allaitement :

  • Les aliments contenant de la poudre de lait écrémé (contient plus de 50% de poudre de lait, digestion lente de 3 à 4h).
  • Les aliments sans poudre de lait écrémé (moins de 30% de poudre de lait, digestion rapide < 1 heure max, les veaux consomment plus tôt plus de concentrés et de     fourrages). Le sevrage correspond à l’arrêt total du lait dans l’alimentation du veau. Cette transition doit être préparée en diminuant la quantité de lait sur une durée de 2 semaines. Dès que le veau consomme au minimum 2kg de concentrés par jour (équivalents à 2 UFL soit 1kg d’aliment d’allaitement ou 7 à 8 litres de lait entier) et a atteint un poids minimum de 90kg, on peut le sevrer.

 

En Agriculture Biologique, le sevrage doit intervenir à 13 semaines.

La température de distribution du lait doit être stable d'un jour à l'autre et proche de 40°C.


Pour un sevrage plus tardif (16 semaines), il faut compter 294 litres de lait en plus, soit une consommation totale de lait entier de 630 litres (192€/veau, atténués par une réduction de la consommation de concentrés).

Quel que soit le produit d’allaitement choisi, il apparaît que la distribution en 1 repas/jour ne pénalise pas la croissance et la prise de poids des animaux mais que les gains en temps de travail et sur le plan économique sont très intéressants. En parallèle, en distribution classique, il est possible de supprimer 1 repas /semaine (le dimanche soir par exemple). Cette pratique permet la vidange du contenu digestif du veau.


Dès 8 jours de vie :
  • De l’eau et de la fibre

Mettre à disposition de l’eau propre et de la fibre (foin, paille) à volonté.

  • Proposer un concentré

Le rumen se construisant pendant la phase de 0 à 4 mois, le nombre de papilles ruminales est définitivement fixé à 4 mois, grâce à l’apport de concentré qui permet la mise en place de ces papilles. Le veau doit donc avoir très tôt (dès le 8ème jour de vie) à sa disposition
du concentré pour se familiariser avec. Il faut préférer des concentrés riches en amidon lent (mais grain, épeautre plutôt que blé) proposés en graine entières car le veau n’a pas de flore amylolytique.

Alimentation des génisses après sevrage

Le foin, la paille ou l’ensilage de maïs sont les fourrages recommandés jusqu’à 6 mois. Au-delà, tous les fourrages peuvent être utilisés si leur quantité et la complémentation sont adaptés à l’âge et l’objectif de croissance des génisses. Tous les types de concentrés, fermiers ou du commerce, permettent d’obtenir les croissances recherchées.

Au pâturage seul, il manque généralement des oligo-éléments : cuivre, zinc, cobalt, iode et parfois du sélénium. Ces apports peuvent se faire sous la forme de bloc à lécher avec oligo-éléments, bien qu’ils ne couvrent généralement pas tous les besoins de complémentation.

Les seaux à lécher, plus concentrés donc plus coûteux, semblent mieux couvrir les besoins. Mais on observe une hétérogénéité de consommation entre animaux de même lot sur ces deux modes d’apport.
L’apport de bolus à diffusion progressive est une solution pratique mais coûteuse.
On conseille d’apporter de la magnésie de façon systématique à la mise à l’herbe : environ 12g de MG/jour soit 25g de magnésie calcinée, 15 jours environ avant la mise à l’herbe.
On maintiendra la magnésie tant que les conditions climatiques restent peu favorables. On évitera le chlorure de Mg, compte tenu de son amertume à forte  concentration.

Le déparasitage des génisses

Dans les systèmes pâturant, un élevage sans parasite n’existe pas. Sa gestion est indispensable pour maintenir une croissance suffisante tout en acquérant une immunité.
Suivant le chargement, le climat, le type de pâture, la durée de pâturage, certains parasites peuvent dominer par rapport à d’autres. L’état de l’animal, les poils piqués, des périodes de diarrhées, des ballonnements sont souvent les symptômes qui peuvent laisser penser que l’animal est parasité. Au pâturage, les parasites les plus fréquents sont les strongles, et les trématodes (grande douve, paramphistome, petite douve). Ils sont présents sous forme de larves. En les ingérant, les animaux se parasitent.

Les strongles

Les strongles digestives sont des larves présentent dans le tube digestif.
Durant la 1ère année de pâturage, l’immunité se met en place petit à petit par contact régulier, prolongé et à faible niveau avec le parasite. Environ 6 à 8 semaines après la mise à l’herbe, un traitement peut être appliqué. Le but est de limiter la charge parasitaire. Ensuite un examen sanguin peut être fait sur les génisses à la rentrée en bâtiment afin d’évaluer l’intérêt ou non d’un autre traitement.
A partir de l’année 2, le maintien de l’immunité est assuré par des réinfestations faibles et régulières chaque année.
Chez les animaux immunisés, les anticorps bloquent le cycle du parasite et donc assainissent les pâtures. Tandis que les jeunes animaux contaminent fortement les pâtures car ils n’ont pas d’anticorps pour limiter la contamination.
Il est conseillé d’éviter d’avoir des parcelles uniquement pour les génisses car ce sont des prés très contaminés.
Attention, la répétition de traitements inadaptés en 1ère année et les années suivantes, ne permet pas d’acquérir une immunité. Une génisse non sur traitée la première année et avec un temps de pâturage suffisant est en général immunisée dès sa deuxième année de pâture.
Un chargement intensif augmente le risque de contamination. Les besoins des animaux augmentent au cours de la saison de pâture, mais comme la production d’herbe diminue, alors la contamination de la pâture augmente.


La grande douve et le paramphistome

Ce sont des parasites de zones humides comme par exemple la proximité d’une mare, les prairies marécageuses ou encore au niveau des zones de piétinement.
La grande douve est une larve qui se situe dans le foie. Tandis que le paramphistome peut être présent dans la paroi de l’intestin et /ou dans le rumen. Il est souvent appelé “la douve du rumen” ou “la douve du chevreuil”.
Un traitement en cours de saison n’est pas efficace. Un examen de type coprologie est à envisager dans le mois qui suit la rentrée des animaux. En fonction du résultat, un traitement peut être nécessaire.
Il est donc important de maîtriser le chargement, d’avoir plusieurs paddocks afin de limiter la pression parasitaire et de limiter l’accès à de zones humides.

Les objectifs de croissance

Plusieurs fondamentaux sont à respecter pour bien élever une génisse laitière, en respectant le développement des différents tissus (nerveux, osseux, musculaires, adipeux), pour favoriser les qualités recherchées chez une vache laitière, à savoir la production laitière, la reproduction, le développement et la longévité.

0 – 6 mois : assurer une bonne croissance

De 0 à 6 mois, il convient de maintenir une croissance élevée au cours de cette période (900g / jour) afin d’obtenir un développement adulte optimal (la croissance des tissus musculaires et osseux étant plus élevée que celle du tissu adipeux (cf schéma ci-dessus). Tout retard de croissance sur cette période sera difficile à rattraper.

La puberté : attention à l’engraissement

L’apparition de la puberté est plus influencée par le développement que par l’âge. Elle intervient quand la génisse a atteint 40 à 50% du poids adulte : 9 à 11 mois pour la Prim’Holstein, 12 à 15 mois pour la Montbéliarde.
Les tissus de la mamelle se mettent en place autour de la puberté : une croissance trop forte, due à des apports élevés en énergie, peut entraîner un dépôt adipeux (graisse) important au détriment des tissus sécréteurs de lait.

Utiliser la croissance compensatrice

Des périodes de croissance lente peuvent être suivies de périodes de croissance plus fortes que la moyenne si l’alimentation est bien suivie. Classiquement, une faible croissance l’hiver peut être suivie d’une compensation au printemps (mise à l’herbe). C’est la croissance compensatrice.
Ceci n’est pas valable pour un objectif de vêlage à 24 mois !

Conclusion

Vos pratiques auront des incidences sur la croissance de vos génisses qui participeront à la réussite de leur future carrière laitière. Aussi grâce aux repères que nous vous avons fournis dans cet article, vous avez toutes les clés pour réussir l’élevage de vos génisses. Le service contrôle laitier de la Chambre d’agriculture peut également vous accompagner grâce à son conseil spécialisé génisses et grâce au service Bovin Croissance qui permet de réaliser des pesées de vos animaux. L’investissement que vous aurez auprès de votre atelier est relatif lorsqu’on sait que l’élevage d’une génisse coûte entre 1 000 et 1700 € selon les pratiques !

N’hésitez donc pas à vous rapprocher de votre conseiller lait pour discuter des recommandations présentes
dans cet article.


Angélique Rodrigues et Thibault Viguié
Chambre d’agriculture Tarn-et-Garonne