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Les couverts végétaux, engrais verts et techniques culturales simplifiées en viticulture

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Compte-rendu de la journée technique.

Cette année, c’est le Lot qui a hébergé l’événement, avec son groupe Ferme DEPHY, le 26 juillet dernier sur le site de la Ferme Départementale d’Anglars-Juillac.

Le thème choisi, les engrais verts et couverts végétaux en viticulture a su trouver un public nombreux, une centaine de personnes, mêlant conseillers et techniciens viticoles de la région et viticulteurs.

Au programme, une matinée de conférences avec des retours d’expérience des groupes DEPHY de Charente-Maritime et du Tarn, ainsi que du groupe des 30000 du Maine-et-Loire, suivie par une après-midi de démonstration de matériel de semis direct dans les vignes.

Vous trouverez ci-dessous le compte-rendu de la conférence sur les engrais verts, ainsi que le témoignage d'un vigneron.

Les engrais verts, de vrais couteaux suisses

Effectivement, nous apprend Laetitia Caillaud, ingénieur Réseau DEPHY en Charente-Maritime, le semis d’engrais vert dans l’inter-rang peut se faire avant ou après les vendanges, permettant d’avoir un sol couvert l’hiver et d’occuper la place que pourraient prendre de potentielles adventices au début du printemps. La gestion des adventices de l’inter-rang sur cette période se limite donc au broyage ou roulage du couvert végétal 1 à 2 mois avant la floraison de la vigne. La couverture des sols en hiver présente un autre avantage non négligeable, elle diminue le lessivage des nitrates et préserve ainsi la qualité des eaux souterraines.

Mais ce n’est qu’un des aspects positifs que peut apporter l’utilisation d’engrais verts. Des problèmes de structure du sol, de portance, d’érosion et d’approvisionnement en éléments minéraux peuvent être résolus  par leur emploi. L’important c’est de bien définir son objectif et de choisir les variétés à implanter en fonction. L’implantation de graminées va fournir de la biomasse et donc de la matière organique potentielle et aussi structurer la couche superficielle du sol via son système racinaire fasciculé. Si votre sol a besoin d’être décompacté en profondeur, optez pour l’implantation de crucifères (moutarde, radis…) dont les racines pivotantes émotteront le sol de façon naturelle. En cas de carences azotées, votre choix devra se porter sur la famille des légumineuses qui fixent l’azote atmosphérique de façon symbiotique et le restituent ensuite au sol lors de leur destruction. Le mélange des familles est possible et même conseillé s’il permet de répondre aux objectifs initiaux; il permettra également de diversifier la faune auxiliaire qui se développe au sein de ces couverts végétaux.

Ajoutons à cela la méthode de destruction qui joue un rôle important. Un broyage avec incorporation superficielle par exemple rendra disponible les éléments minéraux beaucoup plus rapidement qu’un roulage qui favorisera plutôt la formation de matière organique.

Cependant, il y a également des règles à respecter, les situations gélives par exemples peuvent être empirées par la présence de couverts végétaux (-0.5°C); il faut donc détruire le couvert avant tout épisode de gel si la vigne a débourré. Une destruction trop tardive des couverts peut également mener à un relargage d’azote important pendant la véraison et favoriser l’apparition de Botrytis.

Témoignage

Vincent Quercy – EARL Quercy – Vigneron du Haut Quercy

« Cela fait 8 ans que l'on expérimente les couverts et 3 ans que l'on est en plein dedans. On ne nous a pas appris la vie du sol à l'école, et nous viticulteurs, ne savons pas forcément faire pousser des graines ! Aujourd'hui, nous voulons remettre de l'agronomie dans notre métier. Je crois qu'il y a une pression sociétale et environnementale actuelle sur la filière viticole par rapport à l'utilisation des engrais et des produits phytosanitaires.

On cherche une façon naturelle pour ramener de la matière organique, c'est notre premier objectif, mais aussi à augmenter la biodiversité dans l'ancienne zone d'élevage qu'est notre jeune vignoble.

Au départ, nos couverts étaient moyennement réussis. Mais nous avons persévéré, nous avons suivi des formations avec Frédéric Thomas, agriculteur expert en la matière, et échangé avec des constructeurs de semoirs et d'autres vignerons lors de journées techniques comme celle d'aujourd'hui. Je crois qu'il faut avoir de la volonté, car c'est du travail, et il faut savoir se remettre en cause.

Nous avons acquis un semoir il y a 3 ans, suite à une démonstration. Aujourd'hui nos voisins les vignerons de la Cave Coopérative de Rocamadour se sont rattachés à notre CUMA.

Cette année il y a eu beaucoup de pluie. Nous avons eu de très beaux couverts avec au printemps un vignoble fleuri. Cela plaît aussi aux gens, aux promeneurs. Nous avons vu revenir les lièvres dans nos vignes ! Nous avons aussi de plus en plus de sécheresse, et lorsqu'il pleut c'est souvent des grosses pluies qui ravinent nos parcelles. Il faut donc plus de capacité d'absorption et plus de rétention d'eau dans le sol avec des sols plus aérés. Nous essayons de faire des couverts qui nous fassent des paillages, en les couchant le plus tard possible, afin de limiter l'évapotranspiration estivale des sols.

Normalement il faut 5 à 6 ans de pratique pour voir un résultat. Au bout de 3 ans nous commençons à voir des choses en termes de fertilité des sols. Aujourd'hui 90 % des parcelles de notre vignoble possèdent des engrais verts. Nous avons même étendu cette pratique aux jeunes plantations. Nous allons continuer à expérimenter, car nous voulons poursuivre la baisse de nos intrants et essayer de remplacer nos charrues par des plantes.»

Téléchargez ci-contre le compte-rendu complet de la visite.
Contact : Manon BARON - Conseillère viticulture-oenologe de la Chambre d'agriculture du Tarn-et-Garonne - 05 63 63 31 54

Vidéo sur le semis direct :