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Témoignages d'éleveurs en agroforesterie

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Elevage de poulets en agroforesterie : bosquet et arbres intraparcellaires

Elevage de canards en agroforesterie : plantation d'arbres en linéaires 10 x10 m

L'agroforesterie, une démarche gagnante en aviculture

 

L’agroforesterie est un aménagement permettant d’associer sur une même parcelle des arbres et une production agricole (élevage, verger, cultures) sous plusieurs formes possibles : haies, arbres, bosquets, alignement d’arbres…

Suite aux visites dans les départements du Gers et des Landes, la Chambre d’agriculture du Tarn-et-Garonne et l’association Campagnes Vivantes 82 vous présentent des témoignages d’éleveurs qui ont plus de 15 ans de recul sur la pratique de l’agroforesterie en aviculture ainsi que les accompagnements proposés en Tarn-et-Garonne. Nous remercions vivement les agriculteurs pour leur accueil ainsi que l’association Arbre et Paysage 32 qui nous a soutenu dans l’organisation de ces journées.

 

1) L’agroforesterie en volailles de chair

Chez Nicolas Petit à Auch, pour la Ferme en Coton


"J’ai planté des haies, bosquets et arbres intra parcellaires, pour offrir de l’ombre à mes volailles."

"Je me suis installé depuis 2001 en volailles bio, je produis actuellement 170 volailles / semaine en vente directe.

Les poulets sont élevés dans des cabanes mobiles. Pour faire sortir les volailles, il faut les protéger par les plantations d’arbres. Au début, avec l’aide de l’association Arbre et Paysage 32, j’ai planté des haies autour de mes parcours, pour protéger les volailles des vents dominants. Aussi, pour chaque cabane, j’ai planté un bosquet d’une quarantaine d’arbres de plusieurs essences, certaines à croissance rapide pour avoir de l’ombre rapidement.

Il faut faire attention, sous un bosquet, il n’y a pas d’herbe. Ainsi le parcours est déterminé par une zone de bosquet puis par une autre zone d’arbres intra parcellaires, moins dense que les bosquets permettant à l’herbe de pousser. Les arbres intra parcellaires doivent être taillés pour permettre le passage du tracteur.

Je mets en place une rotation des parcours au cours de la bande d’élevage, cela permet d’avoir des vides sanitaires suffisants pour que l’herbe se régénère. Chaque cabane dispose d’un bac de réserve d’alimentation fabriqué à la ferme, évitant ainsi la déstructuration des parcours par le passage du tracteur.

Mon objectif est d’offrir à mes volailles les conditions les plus favorables pour qu’elles ne soient pas stressées. L’arbre est primordial, par ces périodes très chaudes que l’on a depuis ces dernières années, protégées du soleil, mes volailles parcourent beaucoup mieux l’ensemble de la surface disponible.

Aussi, avoir un parcours herbeux et une densité faible d’animaux est très intéressant pour diminuer les risques de coccidioses, les vers, j’observe moins de piquage, c’est important pour moi car j’élève les volailles au minimum 100 jours…

Aussi, l’impact environnemental est très atténué. agriculteur, je me sens acteur du paysage et je suis heureux dans le cadre dans lequel je travaille”.

Chez Vincent Blagny à Leboulin

“L’intérêt des plantations est que le poulet mette à profit l’ensemble du parcours."

"Quand j’ai construit mes bâtiments poulets Label de 400 m², j’ai gardé les bosquets existants que j’ai complété avec des plantations d’arbres intra parcellaires. J’ai choisi de planter des arbres mellifères qui seront utiles aux ruches avoisinantes et des arbres semi-précieux pour pouvoir valoriser le bois à l’avenir. J’ai 40 à 50 arbres/ha.

Concrètement, c’est l’association Arbre et Paysage 32 qui m’a fourni les plants d’un an à racines nues, puis j’ai mis en place les plantations. Les arbres sont plantés en linéaires avec une distance de 14 mètres entre les rangs et de 7 mètres sur le rang avec du noyer, cormier, merisier, poirier et alisier que je taille régulièrement pour avoir un tronc droit.

Mes résultats techniques sur les poulets sont améliorés par les parcours arborés, avec une consommation d’aliment inférieure et un poids du poulet supérieur.

Les parcours deviennent une source de protéines : insectes, vers, fruits, elle est bénéfique pour le muscle et le squelette. Aussi, le niveau sanitaire est amélioré car les poulets occupent toute la surface du parcours.

Les animaux ont un comportement plus calme.

Grâce aux plantations des haies, mes bâtiments sont protégés contre les vents dominants, je fais ainsi des économies de gaz concernant le chauffage de mes poussins. Aussi, les fientes produites sur le parcours seront valorisées par les arbres. Je suis fier au niveau sociétal de montrer mon élevage aux consommateurs et aux Grandes et Moyennes Surfaces (GMS).

Les arbres présentent aussi l’intérêt de gêner les rapaces, aussi bien leur visibilité et que la trajectoire de leur vol. Pour réduire d’autant plus les risques d’attaque, les poulets ne sortent dans les parcours qu’après de la phase de démarrage, dont ils sortent assez gros.

J’utilise aussi l’agroforesterie pour mes cultures. Tous les 35 mètres, j’ai une bande d’arbres de 2 m orientée Nord-Sud. Les arbres permettent de couper le vent et contribuent à la préservation des sols contre l’érosion.”

 

2) Agroforesterie en palmipèdes gras

Chez Jean-Christophe Tauziet à Samadet

“ Éleveur de 15 000 canards prêts à gaver par bande, j’ai créé un biotope, profitable à mes canards et à mon cadre de travail et de vie !”

“Sur mes parcours de canards prêt à gaver, avec l’appui du conseiller forestier de la Chambre d’agriculture des Landes, j’ai d’abord commencé à implanter des haies brise-vent : charmes, érables, cornouillers, viornes, aubépines, pour le confort des animaux mais aussi pour une meilleure intégration paysagère. Aujourd’hui j’ai 650 m de haies. Ça demande de l’entretien les 3-4 premières années, le travail est à faire en morte saison. Cet hiver, j’ai sollicité un professionnel pour les tailler et produire du Bois Raméal Fragmenté (BRF).

J’ai aussi planté des arbres sur les parcours de 10 m entre les rangs et 10 m sur le rang : chênes des marais, érables champêtres, chênes pédonculés, platanes. Je les ébranche tous les 3-4 ans pour garder une forme et pouvoir passer dessous avec le tracteur pour entretenir mes parcours. Je resème le couvert végétal entre chaque bande. Avec du recul, j’observe que mes parcours sont devenus plus sains, plus drainants.

Pour mes canards, l’agroforesterie c’est que du bénéfice. Ils occupent l’intégralité de l’espace du parcours, grâce à l’ombre apportée par les arbres. L’eau d’abreuvement reste plus fraîche en été. L’indice de consommation est meilleur. J’ai constaté pour la bande d’été 100 à 150 g/canard de poids en plus entre les animaux dans les parcours aux plantations les plus anciennes par rapport à ceux dans les jeunes plantations.

Investir en faveur de l’environnement ce n’est pas de l’argent perdu !”

 

Concevoir un parcours volaille agroforestier

Les parcours sont pensés à la fois pour protéger les volailles du vent, des fortes chaleurs et des prédateurs, tout en leur permettant d’avoir quotidiennement accès à l’herbe. Pour cela, plusieurs configurations sont possibles, comme les haies, les bosquets ou encore les alignements d’arbres.

Ces aménagements doivent être conçus en cohérence avec le positionnement des infrastructures existantes et des usages de la parcelle (accessibilité).

Le choix des essences dépendra des objectifs de l’éleveur-euse et des caractéristiques du site. Par exemple, certains arbres peuvent à terme produire du bois de chauffage ou du bois d’oeuvre, d’autres fourniront des fruits complétant l’alimentation des volailles ou encore isoleront le parcours du voisinage ou d’une route. La nature du sol, l’accessibilité à l’eau, les capacités d’entretien sont autant de paramètres qui doivent également être étudiés pour concevoir efficacement un parcours arboré pour volailles.

Cet accompagnement peut vous être proposé dans le Tarn-et-Garonne par l’association Campagnes Vivantes 82. Le programme comprend le conseil technique et les fournitures nécessaires à la mise en place du parcours (jeunes plants rustiques majoritairement issus de graines du territoire de la marque Végétal Local, protections et paillage biodégradable).

Sachez que ces aménagements agroforestiers sont subventionnés et l’association pourra également vous accompagner dans la constitution des dossiers de demande de subvention.

 

Contacts :
• Marie-Line GEORGET, conseillère en aviculture de la Chambre d’agriculture de Tarn-et-Garonne - AVP 82 - Tél : 06 08 41 32 71
• Campagnes vivantes 82 - Tél: 05 63 02 74 57 - 07 66 66 18 94